Clément Dietschy, fondateur de Ask for the moon, décrypte les compétences vitales pour l'entreprise apprenante.
Je ne les ai jamais retrouvées dans les référentiels de compétence. Elles me sont pourtant cruciales pour être innovant, performant et heureux au boulot. Elles sont d'ailleurs la fondation de l'Agile, du Lean et du développement personnel (pardon pour le name dropping). Entre soft-skill et savoir-faire, savoir rater et savoir trouver de l'aide sont mes 2 seules compétences vraiment vitales.
Après 4 startups et 100+ projets, voici comment je les cultive.
1 · SAVOIR RATER
Avant d'être bon, je suis mauvais. Avant de réussir, je rate. Faire c'est rater, rater c'est apprendre, apprendre c'est avancer.
De là vient le fameux dicton de la Silicon Valley :
Fail fast, fail often (Ratez vite, ratez souvent)
Mais je préfère ma version alsacienne :
A guetta Stolberi kèit net (Le bon trébucheur ne tombe jamais)
La logique est implacable, et le dessin est facile.
En pratique, savoir rater c'est franchement pas facile. Voici mes 3 étapes de l'échec réussi.
Avant de rater, je me mets en position de réussir (à rater). C'est à dire obtenir un résultat concret rapidement. Même si le résultat est négatif, si je suis capable d'y parvenir en quelques heures, je n'ai pas raté : j'ai réussi à apprendre. Cela signifie avoir un objectif précis, mesurable et atteignable, si possible sans conséquence (je peux revenir en arrière). L'exercice mental consiste à découper mon projet chéri en blocs minimaux (et c'est dur) et de les escalader 1 à 1 (ça ça va).
Quand je rate, je rate ! Je reconnais mon échec, je l'exprime, je le célébre ! Je viens d'obtenir un résultat, j'apprends, j'avance. Personnellement, je trouve ça très dur d'accepter de se planter, de ne pas se sentir coupable, de ne pas se sentir affaibli. Pour me rassurer je me dis :
Tout le monde rate (sauf ceux qui ne font rien)
Mieux vaut rater aujourd'hui que demain
En donnant l'exemple, j'aide mes équipes à bien rater
Après avoir raté, je me met en position de réussir (à ne plus rater). Savoir rater, c'est surtout savoir rater une seule fois ! Et savoir réussir, c'est surtout savoir réussir plusieurs fois. J'observe donc mon résultat objectivement (le plus dur c'est de ne pas chercher des excuses mais des explications). Réussir (mon échec), c'est apprendre (de mon échec). Et je sais que c'est le moteur de l'entreprise apprenante.
I have not failed. I've just found 10,000 ways that won't work. — Thomas Edison (ou pas)
2 · SAVOIR TROUVER DE L'AIDE
L'entraide c'est l'autre nom de la collaboration, c'est la fondation de tous les collectifs. À l'échelle de l'équipe, de l'entreprise, du groupe, de l'écosystème, du monde... L'entraide est l'outil de travail le plus puissant à ma disposition, quand j'arrive à l'utiliser...
Il n'y a pas de question idiote, seulement une réponse idiote. — Albert Einstein (ou pas)
Faux. J'ai déjà posé pleins de questions idiotes : inutiles, hors-sujet, incompréhensibles, chronophages, insolubles, triviales... Comment poser la bonne question au bon moment ? Au bon endroit ? À la bonne personne ? Et comment faire pour que l'on me réponde ?
Hoplà, encore un dessin !
En pratique, savoir trouver de l'aide c'est franchement pas facile. Voici mes 3 étapes de l'entraide efficace.
Avant de chercher de l'aide, je rate ! C'est le seul moyen pour moi d'identifier mes problèmes, donc de formuler mes questions, donc de trouver ceux qui me répondront. Sans compter qu'il me faut du contexte, du concret, des données, pour que l'on puisse me répondre. Puis j'organise mes recherches en commençant par les ressources de l'entreprise, puis sur internet, puis les livres, puis mes collègues, puis mon écosystème.
Aide-toi, le Ciel t'aidera. — Jean de La Fontaine
Quand je cherche de l'aide, je cherche à apprendre. Je ne cherche pas à me débarrasser du problème, je cherche à le résoudre moi même grâce aux conseils, au support, aux outils des autres. C'est en étant actif que je donne aux autres l'envie de m'aider, qu'ils se sentent valorisés et impactants, car ils transforment mon raté en succès. Et c'est comme ça que j'utilise et que j'intègre au mieux les savoirs et les ressources à ma disposition.
Après avoir trouvé de l'aide, je suis reconnaissant ! Je valorise l'aide reçue : Je dis "merci". J'associe ceux qui m'aident à mes succès. Je capitalise ce que j'ai appris. Et surtout j'aide les autres en retour. Pour moi, savoir trouver de l'aide, c'est surtout savoir cultiver l'entraide, et j'observe souvent que c'est le secret des entreprises apprenantes.
La reconnaissance est une vertu prospective, plutôt que rétrospective. — Proverbe Anglais